Lou — Le Seul Moment (10 novembre 2017) |

Lou — Le Seul Moment (10 novembre 2017)
♦δ Il s’est encore passé 7 ans depuis la sortie de son précédent album, soutenu en son temps par Lenoir (White Session France Inter) ou Bayon (double page dans Libération). Qu’importe. LOU creuse un sillon bien à elle, une chanson faite d’une mélancolie à la beauté troublante, désormais éclairée de lueurs d’espoir chaleureuses, toujours pétrie d’une poésie à fleur de peau, et portée par un chant qu’on reconnait tout de suite dans un écrin d’ambiances étranges et fascinantes. Hypnotique.
Location: Paris, France
Genre: French Pop
Album release: 10 novembre 2017
Record Label: ADCA
Duration: 34:48
Tracks:
01 Vite 3:44
02 Ça revient 4:50
03 En ruines 3:28
04 L’entends~tu 3:35
05 Il y a un arbre 4:52
06 Après 3:05
07 La houle 4:17
08 Le seul moment 3:18
09 La barque 3:39
♦δ Sorte de Gérard Manset au féminin, on retrouve Lou là où on l’avait laissée il y a sept ans (artiste rare, elle a confectionné juste quatre albums en 18 ans) : au pays calme en apparence, bouillonnant dessous, effervescent dans l’âme. Blessures à fleur de claviers, chant parfois murmuré, mélodies élégantes, évanescentes, douleurs et espoirs mêlés ; on plonge dans son univers comme au ralenti, on s’immerge de ses notes, on s’enlace de ses mots (particulièrement sur “L’entends~tu ?”)… Car si elle « parle aux arbres en secret » pour dire les « sales moments » ou « le deuil de la vie », elle reconnaît que « rien n’est plus beau que cette vie de chien, rien n’est plus jouissif que ce regard dans le mien… » Combative, elle sort ses disques sur son propre micro~label, et site Rimbaud pour définir ses choix de vie : « Je m’entête affreusement à adorer la liberté libre ». Et elle peut en être fière !
Review
Yan Chroniqueur, 6 novembre 2017
♦δ Lou transmet ses disques comme des missives. Des gestes d’une intensité extrême et réfléchis. Une lenteur qui fait sens, car elle fait corps avec la vie. Avec ses rythmes, ses ruptures. Ses voyages, ses immobilités. La musique et les mots sont ainsi sculptés patiemment, avec grâce et gravité.
♦δ Très très peu d’artistes parviennent à faire du temps un allié, sauvage mais toujours dompté. A la fin il gagne toujours, il est inutile de vouloir lutter frontalement. Même si le temps est l’ennemi. Les disques de Lou nous entraînent dans ces méandres, ces paradoxes. Avec une élégance, une exigence qui confèrent à sa musique un statut absolument à part. Une dimension qui va bien au~delà de la sphère musicale. On touche à la poésie pure.
♦δ “Le Seul Moment” ne fait pas exception à ce constat. Chef d’oeuvre minimaliste, aux frontières de l’expérimentation mais accessible parce que généreux. Glacial et chaleureux à la fois. Les chansons sont comme des objets ouvragés que l’on découvre émerveillé, impressionné. La voix de Lou, enveloppante, tel un chant des sirènes, captive et ensorcelle. La musique rigoureuse et lancinante nous entraîne peu à peu dans un mouvement circulaire, doucement électrique et narcotique. Quelque chose d’ondoyant, moiré, de tout à fait impressionniste. “Le Seul Moment” est un disque essentiel. ♦δ http://www.indiepoprock.fr/
Review
♦δ Il suffit parfois de quelques clés éparses, quelques cailloux semés, pour que l’écoute d’un album se teinte d’une couleur particulière. Une phrase lue au détour d’un dossier de presse, qui évoque la mort d’un père et l’après. Une photo d’enfance que Lou faisait circuler lors d’un récent concert pour éclairer les chansons qu’elle s’apprêtait à nous présenter. Les deux nous reviennent en mémoire au moment de découvrir cet album, comme des fragments d’un inventaire qui raconterait une histoire par la simple juxtaposition d’objets. Il nous semble dès lors que, tout au long de cet album, le motif de la perte émerge régulièrement. Que les chansons y sont souvent empreintes d’une forme de nostalgie, de regret, de conscience de la fragilité des choses et du passage inexorable du temps. Habitées par le deuil d’une forme d’insouciance, si ce n’est celui d’une personne.
L’arbre au cœur du monde
♦δ C’est une clé potentielle, l’une des histoires que l’on peut se raconter à l’écoute de ce Seul moment. Et le trouble que suscite cet album réside là, dans ce qu’il nous donne à frôler sans le dévoiler pleinement. On le visite comme un paysage intérieur qu’on nous laisserait entrevoir sans nous en fournir la grille de lecture. Il évoque ces périodes d’introspection vers lesquelles la vie nous conduit parfois lorsqu’elle prend un tour inattendu qui nous amène à nous repencher sur notre propre histoire. Il est habité par une impression tenace de solitude, de nécessaire retour sur soi. De retour vers la nature, aussi, omniprésente ici : un arbre auquel on confie ses secrets, une barque vide sur une rivière, où l’on projette aussitôt l’image de Charon sur le Styx.
♦δ Parlons~en, de cet arbre. Il semble être ici le pivot de l’album, comme d’autres arbres mythiques occupent le centre du monde. « Il y a un arbre » nous avait saisis dès la première écoute en concert, on le reconnaissait chaque fois aux basses hypnotiques qui l’annonçaient, à son texte plus descriptif et sensuel, plus immédiatement évocateur que ceux des autres chansons. On le retrouve ici tel que dans nos souvenirs, avec sa rythmique obsédante et ses allures de rite païen. L’arbre est grand, fort et droit, il connaît la clé que nos oreilles n’entendront pas. « Il s’en passe des choses qu’on ne sait pas », chante Lou sur le morceau qui ouvre l’album. Des choses qui se dérobent à la parole et que la musique, à sa façon, peut tenter d’esquisser.
Faire le silence
♦δ On pourrait décrire cet album comme un chant d’intériorité qui cherche les mots pour se dire sans jamais les trouver pleinement. Les arrangements semblent souvent au service d’une humeur davantage que d’une mélodie ; ils disent une douleur sourde, un malaise tenace, un mystère à portée de doigts. Impression renforcée par les motifs cycliques, répétitifs autour desquels sont construits les chansons. « Ça revient » est porté par un rythme de danse triste, « La houle » par une forme d’urgence, « Il y a un arbre » par un profond mystère. Chacune à sa façon, elles jouent étrangement avec vos propres humeurs, font vibrer des cordes dont vous ne connaissiez pas toujours l’existence, elles remuent quelque chose d’enfoui profondément. Ici, rien n’est jamais appuyé, tout n’est qu’esquissé. Les arrangements sont réduits à l’essentiel, les mots davantage fredonnés que chantés ; toujours dans la retenue, comme pour une confidence.
♦δ Il est tentant, pour conclure, de citer les premières phrases de « L’entends~tu » qui semblent si bien décrire ce que nous évoque l’ensemble : « Faites le silence/On ne l’entend pas/Elle est muette/Cette chanson~là/C’est celle qu’on chante/Au fond de la nuit/Pour avoir moins peur de la vie. » Le seul moment est de cette étoffe~là, un album qui demande qu’on se taise, qu’on prenne le temps de se poser pour mieux l’entendre. Qui se présente sans bruit ni fureur, mais qui frémit d’émotions enfouies. Il est à l’image de la Lou que l’on connaît sur scène, avec sa présence indéniable et sa gestuelle étrange : ça pourrait être classique, mais ça ne l’est jamais tout à fait. Et si sa musique est unique, c’est peut~être paradoxalement parce qu’elle ne cherche jamais à l’être à tout prix ; on sent ces chansons~là dictées par une intime nécessité qui les porte ailleurs et nous invite à les y suivre.
♦δ https://www.lecargo.org/
Rédigé par Guillaume Mazel, Score: 10
♦δ Ceux qui me connaissent, me lisent, savent que je ne fais pas de chronique sur l’ossature, mais plutôt sous la peau, je ne cite les gens d’avant, les gens d’après, je ne cite les naissances, ni les clôture qu’on voit au loin, ni les styles ni les vêtements, il serait impossible de traiter l’art de Lou dans une boite, dans un écrin, dans un lieu restreint, il est impossible de parler de matériel dans cet art, dans cette voix, et plus encore, dans ces mots. Lou est simplement, la définition d’une femme, et ceci, en musique, est grandiose. Ce seul moment est un hymne a chaque délicatesse, a chaque force et a chaque faiblesse, ce sont des chansons courbées comme des corps, hypnotiques, extra~spirituels, des courbes d’épidermes qui attisent les feux, creusent des rides, vivent et tentent de vivre encore un peu plus loin. Il y a des gestes détraqués qui se font beau dans les sonorités pavloviennes, ont sent des exotismes qui sont sexuellement obscurs, des vagues a l’âme dont l’écume est acide et la profondeur sucrée. Il y a t~il logique dans Lou ? Il y~a~t’il des logiques dans l’existence, si nos sens sont des rebelles a nos vies, si tout ce qui nous fait ce défait, Lou n’a de logique que dans les plaies, les échardes et les trous de serrures où apprennent les enfants, elle n’a de raisonnement que dans les plaisirs, dans les lucioles, les lueurs, les chaleurs. Lou perd nos émotions dans ses tourments, de sa voix si proche de nos cerveaux que nos oreilles s’y reposent. Le seul moment est en fait des éternités, une vie entière, 9 contes de chair et d’air, des rengaines de guerre, des refrains sombres, des caresses brulantes, et puis des vérités dont les cachettes ont explosées, ce chant qui nous tue, ces sons qui nous revivent. Le talent de Lou réside dans le simple fait de reconnaitre, de savoir, d’avoir appris, d’avoir conscience de la place de sa silhouette et son contenu dans l’espace temps d’une chanson, Lou est elle, dans le phrasé acide, dans l’ampleur parfois glauque comme un Mississipi d’été humide de ses mélodies (le serpent est un animal qui passe ci~et là dans ses compositions, ce chaloupé pervers, sinueux vices, le black snake moan), Lou est elle dans ses biographies subtiles de femme friable et ses vers épais comme muraille, du coup ses titres sont des univers où elle masque autant qu’elle montre, douée d’une prose qui fascine et effraie par ses méandres et réitérations, qui tranche, qui emporte, des univers particuliers, envoutants, dérobant, qui parlent de mort comme le ferait une béate, et de vie comme le ferait une mère, comme si l’enfance avait encore une empreinte lourde sur son futur, comme si la fille n’arrivait pas encore a être femme, de ses peurs, de ses doutes, de ses besoins, si Lou a gardé se surnom de petite fille, cela doit être pour cela, ceci, cela, et Lou lutte pour comprendre. On dirait que je fais psychanalyse, pas du tout, j’apprends en elle les recoins et charmes, les épines et espaces des femmes, et sa musique est un apprentissage presque shamanique. Lou est surement très instinctive, ses musiques prennent certes du temps, mais je soupçonne que ses lettres viennent sur l’instant, en un seul moment, comme une réflexion faite a voix haute, chantée, seul compte l’instant. Le fond, est sombre, cruel, parfois habité de tristesse, il y a combat, il y a l’intérieur, il y a la rudesse dans ses compositions aussi simples qu’elles vont directement aux gènes, aux atomes de nos émotions. Que dire en restant terre a terre de ce merveilleusement dur disque ?, Qu’il émotionne, émotionner est un travail difficile, une geste de légende, émotionner est un art, j’avoue pour ma part que les femmes ont un plus de sensibilité qui me touche plus rapidement, n’empêche, n’empêche, que l’on perçoit des bribes de bonheur au fond de chaque strophe, des plaisirs d’être elle, des forces, des lueurs, des beautés dans chacun de ces seuls moments.
♦δ http://www.adecouvrirabsolument.com/
Facebook: https://www.facebook.com/LOU.mychansons/
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Lou — Le Seul Moment (10 novembre 2017) |
Location: Paris, France
Genre: French Pop
Album release: 10 novembre 2017
Record Label: ADCA
Duration: 34:48
Tracks:
01 Vite 3:44
02 Ça revient 4:50
03 En ruines 3:28
04 L’entends~tu 3:35
05 Il y a un arbre 4:52
06 Après 3:05
07 La houle 4:17
08 Le seul moment 3:18
09 La barque 3:39
♦δ Sorte de Gérard Manset au féminin, on retrouve Lou là où on l’avait laissée il y a sept ans (artiste rare, elle a confectionné juste quatre albums en 18 ans) : au pays calme en apparence, bouillonnant dessous, effervescent dans l’âme. Blessures à fleur de claviers, chant parfois murmuré, mélodies élégantes, évanescentes, douleurs et espoirs mêlés ; on plonge dans son univers comme au ralenti, on s’immerge de ses notes, on s’enlace de ses mots (particulièrement sur “L’entends~tu ?”)… Car si elle « parle aux arbres en secret » pour dire les « sales moments » ou « le deuil de la vie », elle reconnaît que « rien n’est plus beau que cette vie de chien, rien n’est plus jouissif que ce regard dans le mien… » Combative, elle sort ses disques sur son propre micro~label, et site Rimbaud pour définir ses choix de vie : « Je m’entête affreusement à adorer la liberté libre ». Et elle peut en être fière !
Review
Yan Chroniqueur, 6 novembre 2017
♦δ Lou transmet ses disques comme des missives. Des gestes d’une intensité extrême et réfléchis. Une lenteur qui fait sens, car elle fait corps avec la vie. Avec ses rythmes, ses ruptures. Ses voyages, ses immobilités. La musique et les mots sont ainsi sculptés patiemment, avec grâce et gravité.
♦δ Très très peu d’artistes parviennent à faire du temps un allié, sauvage mais toujours dompté. A la fin il gagne toujours, il est inutile de vouloir lutter frontalement. Même si le temps est l’ennemi. Les disques de Lou nous entraînent dans ces méandres, ces paradoxes. Avec une élégance, une exigence qui confèrent à sa musique un statut absolument à part. Une dimension qui va bien au~delà de la sphère musicale. On touche à la poésie pure.
♦δ “Le Seul Moment” ne fait pas exception à ce constat. Chef d’oeuvre minimaliste, aux frontières de l’expérimentation mais accessible parce que généreux. Glacial et chaleureux à la fois. Les chansons sont comme des objets ouvragés que l’on découvre émerveillé, impressionné. La voix de Lou, enveloppante, tel un chant des sirènes, captive et ensorcelle. La musique rigoureuse et lancinante nous entraîne peu à peu dans un mouvement circulaire, doucement électrique et narcotique. Quelque chose d’ondoyant, moiré, de tout à fait impressionniste. “Le Seul Moment” est un disque essentiel. ♦δ http://www.indiepoprock.fr/
Review
♦δ Il suffit parfois de quelques clés éparses, quelques cailloux semés, pour que l’écoute d’un album se teinte d’une couleur particulière. Une phrase lue au détour d’un dossier de presse, qui évoque la mort d’un père et l’après. Une photo d’enfance que Lou faisait circuler lors d’un récent concert pour éclairer les chansons qu’elle s’apprêtait à nous présenter. Les deux nous reviennent en mémoire au moment de découvrir cet album, comme des fragments d’un inventaire qui raconterait une histoire par la simple juxtaposition d’objets. Il nous semble dès lors que, tout au long de cet album, le motif de la perte émerge régulièrement. Que les chansons y sont souvent empreintes d’une forme de nostalgie, de regret, de conscience de la fragilité des choses et du passage inexorable du temps. Habitées par le deuil d’une forme d’insouciance, si ce n’est celui d’une personne.
L’arbre au cœur du monde
♦δ C’est une clé potentielle, l’une des histoires que l’on peut se raconter à l’écoute de ce Seul moment. Et le trouble que suscite cet album réside là, dans ce qu’il nous donne à frôler sans le dévoiler pleinement. On le visite comme un paysage intérieur qu’on nous laisserait entrevoir sans nous en fournir la grille de lecture. Il évoque ces périodes d’introspection vers lesquelles la vie nous conduit parfois lorsqu’elle prend un tour inattendu qui nous amène à nous repencher sur notre propre histoire. Il est habité par une impression tenace de solitude, de nécessaire retour sur soi. De retour vers la nature, aussi, omniprésente ici : un arbre auquel on confie ses secrets, une barque vide sur une rivière, où l’on projette aussitôt l’image de Charon sur le Styx.
♦δ Parlons~en, de cet arbre. Il semble être ici le pivot de l’album, comme d’autres arbres mythiques occupent le centre du monde. « Il y a un arbre » nous avait saisis dès la première écoute en concert, on le reconnaissait chaque fois aux basses hypnotiques qui l’annonçaient, à son texte plus descriptif et sensuel, plus immédiatement évocateur que ceux des autres chansons. On le retrouve ici tel que dans nos souvenirs, avec sa rythmique obsédante et ses allures de rite païen. L’arbre est grand, fort et droit, il connaît la clé que nos oreilles n’entendront pas. « Il s’en passe des choses qu’on ne sait pas », chante Lou sur le morceau qui ouvre l’album. Des choses qui se dérobent à la parole et que la musique, à sa façon, peut tenter d’esquisser.
Faire le silence
♦δ On pourrait décrire cet album comme un chant d’intériorité qui cherche les mots pour se dire sans jamais les trouver pleinement. Les arrangements semblent souvent au service d’une humeur davantage que d’une mélodie ; ils disent une douleur sourde, un malaise tenace, un mystère à portée de doigts. Impression renforcée par les motifs cycliques, répétitifs autour desquels sont construits les chansons. « Ça revient » est porté par un rythme de danse triste, « La houle » par une forme d’urgence, « Il y a un arbre » par un profond mystère. Chacune à sa façon, elles jouent étrangement avec vos propres humeurs, font vibrer des cordes dont vous ne connaissiez pas toujours l’existence, elles remuent quelque chose d’enfoui profondément. Ici, rien n’est jamais appuyé, tout n’est qu’esquissé. Les arrangements sont réduits à l’essentiel, les mots davantage fredonnés que chantés ; toujours dans la retenue, comme pour une confidence.
♦δ Il est tentant, pour conclure, de citer les premières phrases de « L’entends~tu » qui semblent si bien décrire ce que nous évoque l’ensemble : « Faites le silence/On ne l’entend pas/Elle est muette/Cette chanson~là/C’est celle qu’on chante/Au fond de la nuit/Pour avoir moins peur de la vie. » Le seul moment est de cette étoffe~là, un album qui demande qu’on se taise, qu’on prenne le temps de se poser pour mieux l’entendre. Qui se présente sans bruit ni fureur, mais qui frémit d’émotions enfouies. Il est à l’image de la Lou que l’on connaît sur scène, avec sa présence indéniable et sa gestuelle étrange : ça pourrait être classique, mais ça ne l’est jamais tout à fait. Et si sa musique est unique, c’est peut~être paradoxalement parce qu’elle ne cherche jamais à l’être à tout prix ; on sent ces chansons~là dictées par une intime nécessité qui les porte ailleurs et nous invite à les y suivre.
♦δ https://www.lecargo.org/
Rédigé par Guillaume Mazel, Score: 10
♦δ Ceux qui me connaissent, me lisent, savent que je ne fais pas de chronique sur l’ossature, mais plutôt sous la peau, je ne cite les gens d’avant, les gens d’après, je ne cite les naissances, ni les clôture qu’on voit au loin, ni les styles ni les vêtements, il serait impossible de traiter l’art de Lou dans une boite, dans un écrin, dans un lieu restreint, il est impossible de parler de matériel dans cet art, dans cette voix, et plus encore, dans ces mots. Lou est simplement, la définition d’une femme, et ceci, en musique, est grandiose. Ce seul moment est un hymne a chaque délicatesse, a chaque force et a chaque faiblesse, ce sont des chansons courbées comme des corps, hypnotiques, extra~spirituels, des courbes d’épidermes qui attisent les feux, creusent des rides, vivent et tentent de vivre encore un peu plus loin. Il y a des gestes détraqués qui se font beau dans les sonorités pavloviennes, ont sent des exotismes qui sont sexuellement obscurs, des vagues a l’âme dont l’écume est acide et la profondeur sucrée. Il y a t~il logique dans Lou ? Il y~a~t’il des logiques dans l’existence, si nos sens sont des rebelles a nos vies, si tout ce qui nous fait ce défait, Lou n’a de logique que dans les plaies, les échardes et les trous de serrures où apprennent les enfants, elle n’a de raisonnement que dans les plaisirs, dans les lucioles, les lueurs, les chaleurs. Lou perd nos émotions dans ses tourments, de sa voix si proche de nos cerveaux que nos oreilles s’y reposent. Le seul moment est en fait des éternités, une vie entière, 9 contes de chair et d’air, des rengaines de guerre, des refrains sombres, des caresses brulantes, et puis des vérités dont les cachettes ont explosées, ce chant qui nous tue, ces sons qui nous revivent. Le talent de Lou réside dans le simple fait de reconnaitre, de savoir, d’avoir appris, d’avoir conscience de la place de sa silhouette et son contenu dans l’espace temps d’une chanson, Lou est elle, dans le phrasé acide, dans l’ampleur parfois glauque comme un Mississipi d’été humide de ses mélodies (le serpent est un animal qui passe ci~et là dans ses compositions, ce chaloupé pervers, sinueux vices, le black snake moan), Lou est elle dans ses biographies subtiles de femme friable et ses vers épais comme muraille, du coup ses titres sont des univers où elle masque autant qu’elle montre, douée d’une prose qui fascine et effraie par ses méandres et réitérations, qui tranche, qui emporte, des univers particuliers, envoutants, dérobant, qui parlent de mort comme le ferait une béate, et de vie comme le ferait une mère, comme si l’enfance avait encore une empreinte lourde sur son futur, comme si la fille n’arrivait pas encore a être femme, de ses peurs, de ses doutes, de ses besoins, si Lou a gardé se surnom de petite fille, cela doit être pour cela, ceci, cela, et Lou lutte pour comprendre. On dirait que je fais psychanalyse, pas du tout, j’apprends en elle les recoins et charmes, les épines et espaces des femmes, et sa musique est un apprentissage presque shamanique. Lou est surement très instinctive, ses musiques prennent certes du temps, mais je soupçonne que ses lettres viennent sur l’instant, en un seul moment, comme une réflexion faite a voix haute, chantée, seul compte l’instant. Le fond, est sombre, cruel, parfois habité de tristesse, il y a combat, il y a l’intérieur, il y a la rudesse dans ses compositions aussi simples qu’elles vont directement aux gènes, aux atomes de nos émotions. Que dire en restant terre a terre de ce merveilleusement dur disque ?, Qu’il émotionne, émotionner est un travail difficile, une geste de légende, émotionner est un art, j’avoue pour ma part que les femmes ont un plus de sensibilité qui me touche plus rapidement, n’empêche, n’empêche, que l’on perçoit des bribes de bonheur au fond de chaque strophe, des plaisirs d’être elle, des forces, des lueurs, des beautés dans chacun de ces seuls moments.
♦δ http://www.adecouvrirabsolument.com/
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